La veillée funèbre de mon fils Benjamin a duré 3 jours. Une éternité lorsqu'on est plus que douleur, souffrance et désespoir mais c'est aussi si peu, si bref, si furtif quand on sait alors que ce sont là des adieux définitifs et irréversibles. C'est pourquoi, au risque de heurter la sensibilité ou la morale de certains, je n'ai laissé à personne la lourde, mais nécessaire, tâche de prendre des photographies de ces instants.

Les images de la mise en bière de Benjamin sont sur le site Internet depuis 5 mois déjà mais je n'avais pu encore les partager. Aujourd'hui, en cette veille de Noël, j'ai pourtant trouvé la force ou le courage de le faire.

Malgré notre insupportable, douloureux et indescriptible chagrin, nous, ses parents, nous ressentions le devoir de montrer la réalité de notre malheur. Ne voyez dans cette difficile démarche que la volonté d'aider à faire reculer la criminalité sur les routes. Nous ne souhaitons à personne de vivre, d'endurer cette éternelle douleur.

Regardez bien ces photos ! Ne les effacez jamais de votre mémoire !
Gravez-les profondément dans votre cœur !

Ces deux enfants, dans toute l'innocence de leur trop courte existence, ne demandaient qu'une chose à la vie : profiter chaque jour du lever du soleil sur la mer, comme ils l'ont fait, hélas ! ce matin-là ! Pouvaient-ils seulement imaginer que la mort les guettait, impitoyable, au détour d'une route, une route qui devait les ramener simplement auprès de leurs familles ?

Joël Bernier
14 décembre 2003.